Le must après une journée bien remplie, et surtout bien chiante, c’est d’aller vous coucher ou glander devant une télévision à jouer au soldat attardé qui tire sur tout ce qui bouge en hurlant lorsqu’on vous met KO. La fin d’après-midi s’abattait sur Londres, ce qui n’empêchait pas la ville de vivre à un rythme effréné. Liam, lui, était hors du temps. Mit game over par son cours de droit civique et surtout par un gueux qui lui avait pris la tête à la sortie de l’université, sous prétexte qu’il avait entendu parler de son père et ses actions financières, l’américain n’avait qu’une envie : s’enfermer à double tour et pioncer bien profondément. Achetant un sandwich sur le chemin, ce dernier ayant une brève odeur de pâté de chat, il le jeta dès la première poubelle dans un long soupire et continua sa route. Le métro. Là était la solution pour arriver plus vite à destination, or lorsqu’on est nouveau venu et qu’on a toujours eu du mal à se situer dans les couloirs souterrains de sa ville natale, il est évident que fatigue + métro londonien = perdu. Toute prédiction de madame Irma étant fiable, il s’était bel et bien immiscé dans un quartier qu’il ne connaissait ni d’Adam ni d’Eve, pourtant ce n’est pas comme si la capitale avait une architecture aussi complexe que celle du labyrinthe de la reine de cœur. Plongé dans la consultation –inutile- d’un plan de ville tout en tâtant la barbichette qu’il n’avait point, son regard dériva pile au moment où une sublime créature faisait son apparition. Elle était parfaite pour aller demander poliment son chemin, bien qu’elle ait l’air de ces garces qui vous rient au nez sans vous répondre. « Excusez-moi, savez-vous par quel chemin je peux retrouver la route de..» SEX BOMB SEX BOMB OH YOUR MY SEX BOMB ! Ah. Alarme. Fronçant les sourcils, il sortit son portable et éteignit cette sonnerie ridicule qui venait de lui valoir un misérable vent. Ricanant, elle passait son chemin. Les yeux rivés sur l’écran du mobile high-tech et surtout high-price, l’étudiant plaqua sa main libre sur son front, réalisant enfin l’oubli qu’il venait de commettre « Fucking brother !» Merci à la technologie et surtout aux plannings électroniques, grâce à elle tout rendez-vous médical est difficilement oubliable. Réalisant qu’il avait un GPS sur son bijoux moderne, il entra l’adresse de l’hôpital et s’y rendit, non sans quelques embûches, mais arriva à destination assez aisément.
Les présentations faites, on l’invita à aller patienter, le médecin ayant accumulé du retard tout au long de la journée. Bien qu’il appréciait le calme, il était difficile pour Liam de passer de longues minutes, voir heures, à attendre le cul tranquillement posé dans une chaise. S’engageant dans une visite de l’hôpital, il se serait bien amusé à jouer à l’infirmier sexy, si la circulation du corps médical n’était pas aussi dense. C’est fou ce qu’on pouvait voir de cas graves, quand il pensait qu’il ne venait ici pour une simple analyse médicale concernant ses prises de sangs qui apparemment présentaient un problème mais qui étaient bidons de part un trafic made in Noelynn, il se sentait sérieusement mal pour eux. Quand on parle du loup, on en voit le bout de la queue. « Oh excusez moi je... Noelynn? Tu t’éreintes au travail dis moi. Pense à faire une pause.» L'infirmière qu'il venait de heurter s'avérait être la jolie brunette toxico qui lui avait sauvé la mise la dernière fois. Jouant le padre, il lui tapotait doucement sur l'épaule, histoire de donner plus de crédibilité à son conseil. « Tu peux pas me dégoter un tenue de papier chiotte que portent les infirmiers? Les analyses de la dernière fois présentent un problème, du coup je dois attendre et je me fais chier. »

NOELYNN & LIAM

Deuxième journée. Surement la plus dure, comme la première et toutes celles qui allaient suivre. Pour une énième fois, j'avais décidé d'arrêter de fumer. Tout, la drogue comme la clope. C'était peut-être une fuite en avant mais j'en avais marre, il fallait que ça cesse. Hier, j'avais passé une journée horrible, sur tous les points, je m'étais prise la tête avec le patron du bar et je me sentais seule plus que jamais. Ma vie n'était rien qu'une succession de fiasco, je les enchaînais en ce moment. Je ne comptais pour personne, j'étais au plus mal. Me reprendre en main était ma dernière solution et quoi de mieux qu'une journée de travail, entouré et occupé pour ne pas penser à mal. Le réveil fut douloureux et légèrement pénible, déjà au petit matin, je sentais le manque de drogue, je dus boire la moitié de ma cafetière pour ne pas tomber dans les pommes. Je tremblais, c'était affreux. J'avais prit une douche à la va-vite, avec la musique à fond, pour m'occuper l'esprit. Chanter et danser, faire n'importe quoi pour ne pas penser à la drogue. Le trajet en voiture fut presque pareil, musique à fond, j'avais même manqué de me faire arrêter par les flics. Lorsque je suis arrivée à l'hôpital, j'avais eu le droit à des « Oh bah Noelynn, ça fait plaisir de te voir aussi souriante. » ou encore des petits pics du genre « De bonne humeur ce matin? Tu as fait quoi hier soir, raconte moi tout. » Ces gens-là étaient loin de se douter que je n'étais qu'une droguée, obligé de se déshabiller devant des pervers pour pouvoir se fournir la drogue nécessaire à sa survie. C'est ça, je ne vivais pas, je survivais. La matinée passa quand même relativement vite, ainsi que l'après-midi. C'était le gros bordel à l'hôpital, un médecin était en congés et ça y est, c'était la folie. J'étais obligé de courir dans tous les sens et là, j'en avais marre, j'allais prendre une pause. Bon d'accord, l'heure de la fin avait bientôt sonné mais qu'importe, il fallait que je fume, non je ne pouvais pas fumer, bah manger alors. Je me devais de faire une pause, il en allait de ma santé mentale. Je prit donc la direction de la sortie de secours quand un con me percuta de pleins fouets. « Oh excusez moi je... Noelynn? Tu t’éreintes au travail dis moi. Pense à faire une pause. » Je mis un temps avant de reconnaître la personne que j'avais en face de moi. Liam posa délicatement sa main sur moi et me tapota genre " brave bête ". « Liam ! Bah qu'est ce que tu fou ici ? » lui dis-je, sans tenir compte de sa remarque. « Tu peux pas me dégoter un tenue de papier chiotte que portent les infirmiers? Les analyses de la dernière fois présentent un problème, du coup je dois attendre et je me fais chier. » J'avais clairement du mal à comprendre ce qu'il me disait, il était tard, j'étais épuisée, à bout de force et le manque de drogue me faisait trembler et ma vision se troublait. « De quoi ? Comment ça les résultats posent un problème ? » J'avais clairement du mal à aligner trois mots. Je soupirai et passai mes mains moites dans mes cheveux. « Ecoute, viens, j'ai besoin de prendre l'air 5 minutes. » J'emmenai Liam à travers les couloirs, pour enfin arriver à la porte de secours. Personne ne passait là, sauf moi. Je me frottai les yeux, comme ci j'allais mieux voir et inspira longuement. « Vas-y, raconte moi, je t'écoute. » lui dis-je en le regardant, enfin en essayant de deviner une quelconque émotion sur son visage.

En tant que pauvre type qui n’avait aucune notion du mot « job », Liam qui était plus du genre nez dans les bouquins et parties intimes dans les soirées voyait clairement quelque chose de différent chez Noelynn. Elle paraissait encore plus instable que d’habitude, peut-être était-elle trop droguée pour réussir à prononcer sa phrase dans un ton stable. En tout cas, c’est ce qu’il supposa. De plus que, en grand égocentrique, il présuma qu’elle s’inquiétait pour ses analyses ce qui la rendait donc nerveuse ; elle en oubliait même sa requête. Tant pis, il ne pourrait pas jouer au docteur aujourd’hui. « Ils ne posent aucun problème, justement. » Son ton était calme et laissait entendre une pointe d’incompréhension. Elle venait de passer ses mains dans ses cheveux et ce geste résultait clairement d’un tracas intérieur, il en était certain. D’ailleurs son visage semblait crispé, il était clair que quelque chose n’allait pas et il était impossible qu’elle ne se rappelle pas du trafic qu’ils avaient fait la dernière fois. Alors qu’il s’apprêtait à lui expliquer ce qu’il se passait afin qu’elle ne s’inquiète pas d’avantage et qu’elle puisse lui fournir sa foutue blouse blanche, elle l’emmena à l’extérieur; lui restant comme un con la bouche ouverte lorsqu'elle lui coupa sa parole non-existante pour le prévenir de cette sortie. Il la suivit sans rien dire, l’observant de derrière -ok il a maté son cul quelques secondes. Sa démarche lui paraissait pénible à assurer, bosser dans le droit avait l’air moins fatiguant que la médecine finalement. Elle se frotta les yeux, il en déduit qu’elle était fatiguée et lui expliqua enfin la situation d'un air blasé; comme s'il l'avait radoté toute la journée. « Les analyses que tu as échangé l’autre jour pour pas que je sois dans une merde pas possible à cause du cannabis présentent une anomalie, mais vu que c’est pas les miennes on s’en fou. Tu cernes ? » L’ainée des sœurs Perrish était étrange, beaucoup trop d’ailleurs. Posant l'une de ses mains sur son épaule, il s'abaissa légèrement au niveau du visage de la jeune infirmière « Dis moi... quelque chose te tracasse? Je ne vais pas mourir, si c'est ça qui t'inquiètes » Esquissant un sourire qui avait pour intention d'être communicatif, son regard était attaché au sien afin d'être au taquet pour juger efficacement le dose de vérité qu'il y aurait dans sa réponse. Comme un berlo, bien sûr, il ne captait rien. « Tu me semblais plus du genre à aller rendre visite aux Schtroumphs roses en cas de problème, c'est marrant. » Marrant pour lui, quoi. Rompant le contact physique avec Noelynn, il fourra ses mains dans ses poches lorsqu'il se rendit compte qu'il avait possiblement dit une connerie. Alors qu'il regardait au loin, ses yeux revinrent en direction de l'ainée des soeurs Perrish et, haussant un sourcil, il déclara sur un ton neutre. « Sans offense. »